Le temps passe…C’est vrai, il faut l’admettre, mais il ne passe pas toujours à la même vitesse, et cela sans tenir compte du fait que le temps ne s’écoule pas pareil selon que l’on a trois, treize, trente, soixante ou quatre-vingt-dix ans, et que nous expérimentons tous. Le temps coule différemment en des lieux différents.

La plume de Lessing dépeint admirablement le non-sens de la guerre et les conditions effroyables auxquelles sont confrontées les soldats. La traversée de l’Atlantique ainsi que la vie du camp en Indes, entre ennui et rudesse, sont d’une réalité saisissante et constituent un véritable plaidoyer pacifiste. L’intrigue – bien que l’arrivée d’un « enfant de l’amour » soit prévisible – est mené à son terme avec une main de maître, à la fois tendre et cruelle. James est un véritable Picaro et montre une autre type de folie qui peut se propager parmi les troupes : car si James ne sombre pas dans la démence de la guerre, ni dans la fièvre du soldat, il se rattache avec obsession à ses quatre jours « paradisiaques » avec une ferveur confondante. Rêve et réalité se brouillent dans une quête pour retrouver sa place et son statut de père. Lessing malmène son personnage dans une réflexion sans fard sur la guerre, l’amour, les désillusions et « petits arrangements » de la vie.
Cet ouvrage, finement écrit a reçu le Prix Nobel de Littérature 2007. Il ne le démérite pas, mais ce prix est plutôt un hommage à l’ensemble de l’oeuvre de Lessing.
La littérature ne s’apprend pas. On rencontre simplement, en ce domaine, des gens ou des livres qui, brusquement, vous disent, vous montrent ce que vous avez besoin d’entendre ou de voir. D. Lessing
Un enfant de l’amour
Doris Lessing
Editions Flammarion
186 pages. 16€. ISBN : 978-2-08-120114-9
A voir !
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