Littérature américaine

Les Voleurs de Manhattan, d’Adam Langer

– Ca a toujours été purement commercial. Vendre des livres. Vous croyiez qu’il s’agissait d’une oeuvre caritative?
Je le dévisageai, incapable de parler. C’était donc là qu’il voulait en venir: un conseil cynique proféré par un homme amer persuadé de pouvoir plaquer son expérience minable sur la vie d’un parfait inconnu. Qui était-il, pour me juger ainsi? Lui, avec ses gatsby à mille dollars, son gogol en cachemire et ses franzens griffées?

adam_Langer_voleursAu Morningside Coffe, Ian bosse avce Faye Curry, jeune artiste peintre, aux jeans maculés de tâches colorés, gros godillots et tee-shirts de concert, et avec Joseph, acteur obèse courant de casting en casting sans succès. La vie coule son fleuve tranquille dans ce paysage de semi-loosers enthousiastes … Car Ian aussi tâtonne pour trouver sa part de célébrité dans ce monde de brutes pour les artistes, à la fois serveur et écrivain de nouvelles, il lutte au quotidien pour faire reconnaître son talent, un brin laborieux, comparé à celui de son amie Anya, jeune Roumaine de Bucarest, qui ême écriret évôquié  son déracinement et son pays bouleversé par Ceaucescu.

Forte de son talent, cette dernière est retenue pour participer au spectacle hebdomadaire “la Stimulation littérale”, tremplin littéraire, sorte de scène ouverte aux auteurs prometteurs ayant passé par le feu des critères de Miri Lippman, responsable de la revue Stimulator, pépinière de talents stimulants ! Tout un programme, me direz-vous  … Avec son accent à couper au couteau, mais dotée d’un joli minois et d’une tête bien faite lui permettant un art de la formule exquis, de véritables “hemingways” parfaites, Anya fait sensation. Dès lors soumise à la convoitise des éditeurs, Ian et elle se trouvent propulsés dans une soirée privée lors de laquelle il en sortira déconfit, l’orgueil blessé par Blade Markham, pseudo loubard R’n’B auteur d’un nouveau best-seller insipide, qui s’emparera de la belle Anya.

C’est au lendemain de ce jour de défaite, que l’Homme confiant choisit de réapparaître, se pavanant avec outrecuidance en lisant Blade par Blade, la coquille vide déguisée en autobiographie littéraire. Ce sera le soir de trop, Ian lui arrachera le livre des mains et lui balancera dans la rue aussi loin que possible. Fraîchement licencié, Ian recroisera l’Homme confiant plus tard dans la soirée … Celui-ci pourrait lui ouvrir les portes qui jusque-là lui étaient fermées …

Roman jouissif et époustouflant ! Les Voleurs de Manhattan vous en mettent plein les mirettes. Incisif et bien rythmé, il s’offre même quelques coquetteries littéraires savoureuses à souhait, en voyant leurs protagonistes arborés gogol sur le dos et capote sur la tête en se baladant un canino à la main et un large cheshire au visage … Adam Langer se joue des mots et offre des beaux clins d’oeil à auteurs ou des oeuvres phares, un délice pour l’esprit ! Mettez vos franzens, prenez un faulkner ou fitzgerald et plongez dans les Voleurs de Manhattan, une apnée acérée dans le monde de l’édition version US, la ficton dépassant la réalité et vice et versa !

Les Voleurs de Manhattan.
Adam Langer.
Editions Gallmeister. Collection Americana.
253 pages. 22,90€. ISBN : 978-2-35178-050-3

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