-
Confessions d’un gang de filles vs Foxfire
Ce qui vous lie au plus profond, vous ne pouvez le ressentir. Sauf si on vous l’enlève. Avant d’être un film de Laurent Cantet (Foxfire), Confessions d’un gang de fillesest un portait au vitriol de l’Amérique des années 50 de la prodigieuse Joyce Carol Oates. Plaidoyer pour ces jeunes femmes cherchant plus de justice et de liberté, pamphlet contre ces mêmes confréries, dont l’univers se déconnecte inexorablement de la société, qui à vouloir la faire changer et la convaincre de sa bonne cause, ne peut que l’horrifier et en être rejetée. Car ce que vous trouverez dans ce livre, pêle-mêle (mais dans un désordre bien orchestré, ainsi que le sont les…
-
Ah ! Les bonnes soupes, de Claude Boujon
Et si un secret de beauté existait même pour les sorcières ? Un poil de magie, une dose d’imagination, Ratatouille la sorcière nourrit de secrets rêves de beauté : blondeur et joli nez … Rien ne saurait résister à l’envie de la vilaine sorcière … Sauf que d’accoutumée, il est plus aisé pour une sorcière de transformer une princesse en laideron que l’inverse … du moins pense-t-on ! Ratatouille ne ménage pas sa peine et compose plusieurs soupes issue de sa gourmande imagination : point de bave de crapaud ou d’yeux de serpents, que des bons légumes, des trucs machins, des machins trucs par-ci, par-là. Mais ces bonnes soupes seront-elles…
-
Le Livre qui fait aimer les livres … même à ceux qui n’aiment pas lire
Lire fait grandir (beaucoup plus vite que la soupe). Il est prouvé que si tu as 100 ans et que tu lis toujours, tu grandis encore ! sans jamais t’arrêter ! Avec un tel titre, pas étonnant que mon regard fut accroché ! Deux bouilles de fille et de garçon prêts à dévorer des livres, tiennent dans leurs mains d’énormes couverts fins prêts à venir à bout du drôlissime exemplaire. La revendication est claire, sans aucun doute : “Pour les zenfants et les zadultes”. Je devrais rajouter qu’il n’est pas nécessaire de suivre des doses homéopathiques. Absolument pas ! Car “Françoize” Boucher croque avec humour ce qu’elle nomme “une tonne…
-
Meurtres au manoir, de Willa Marsh
La nouvelle tisane qu’elles l’ont convaincue de boire juste avant d’aller au lit fait des merveilles. Comme beaucoup de gens, Clarissa croit que n’importe quel produit à base de plantes et de fleurs ne peut qu’être inoffensif. Avec son humour noir qui fait mouche, Willa Marsh compte parmi ces auteurs britanniques à la plume acérée dont la lecture est un délice. Avec Meurtres au manoir, Willa Marsh récidive dans cette veine que ses lecteurs aiment tant. Causticité, intrigue piquante et à suspens, personnages décalés mais miroirs de certaines parts de nous-mêmes, tous ces ingrédients sont au rendez-vous pour un cocktail plein de saveurs placé cette fois-ci sous le signe de l’étrange.…
-
Le Chacheur
Un véritable défi pour la lecture à voix haute ! Ce virelangue touffu et parsemé de pièges nous mène aux confins de la langue et de ses jeux de mots. Nous connaissons pour la plupart l’adage “Un chasseur sachant chasser doit savoir chasser sans son chien”. Partant de cette terrifiante phrase pour les locuteurs les moins habiles, Bertrand Azimuth divague et virevolte tout au long de cet étonnant album à l’italienne et aux illustrations d’Henri Galeron rappelant les scènes de chasse d’antan. Des fous rires en perspective … car Un chasseur sachant chasser doit savoir chasser sans son chien. Mais un chien aussi ! Mais oui ! Un chien chasseur…
-
Compagnie K, de William March
– Quand j’ai levé les yeux ce matin-là et que je t’ai vu sur le sentier, ma première idée, ça a été de venir vers toi pour te donner un bout de pain. Je voulais te poser des questions sur l’Amérique. Il y avait des tas de choses dont on aurait pu parler. Tu aurais pu me parler de chez toi, et moi de chez moi. On aurait pu aller chercher des nids d’oiseaux dans les bois, on aurait ri et discuté ensemble. Et puis une fois qu’on se serait mieux connus, je t’aurais montré une photo de ma fiancée et je t’aurais lu des passages de ses lettres. Il…
-
Les Règles du jeu, d’Amour Towles
Il n’y a rien de bien original à comparer une personne à un caméléon, par quoi on entend quelqu’un qui peut changer de couleur selon son environnement. En fait, rares, sont ceux qui en sont capables. En revanche, il existe des dizaines de milliers de papillons – d’hommes et de femmes comme Eve dotés de deux livrées complètement différentes – l’une pour attirer, l’autre pour se camoufler – et susceptibles de se changer en une seconde, d’un simple battement d’ailes. 31 décembre 1937, au coeur du Greenwich village, Katey et Eve, deux tourbillonnantes colocataires, décident de sortir et de s’encanailler en cette vieille de Saint-Sylvestre. Peut-être de charmants garçons leur…
-
Petite main, petit pouce, de Martine Perrin
C’est parti pour un amusant voyage tactile ! Avec cet album aux couleurs acidulés de Martine Perrin, les petites mains des petits loups sont à l’honneur et trouvent un terrain de jeu où s’exercer avec habileté et imagination … Placer les mains dans la boue, toucher des cailloux ou encore suivre la coquille d’un escargot et bien d’autres surprises agrémentent ce livre-jeu qui éveille le sens des tout-petits. Interactivité, imagination et fous rires sont au rendez-vous au coeur de cette jolie histoire, à jouer et à rejouer. Dès un an. Petite main, petit pouce Martine Perrin. Le Seuil Jeunesse. 32 pages. 12€. ISBN : 978-2-02-108053-7
-
Kinderzimmer, de Valentine Goby
ce que dit, surtout, la joie encore possible devant l’éclat du soleil dans les congères, sur les pourtours de la Lagerplatz, à l’Appell du matin, un éclair de cristal qui ne t’indiffére pas tout à fait, ce que ça dit, que tu le voies, que ça mouille tes paupières, qu’une seconde ça conjure le reste, une demi-seconde, que tu aies accès à la beauté, ce que ça dit, tout cela, c’est que même à Ravensbrück, l’Allemagne n’a pas gagné, n’aura jamais gagné complètement Ce roman est lumineux. Obsédant aussi. Sans sombrer dans le pathos ou le glauque, Valentine Goby nous emporte à Ravensbrück avec Mila, une jeune déportée politique, dans…
-
La Nostalgie heureuse, d’Amélie Nothomb
« Natsukashii » désigne la nostalgie heureuse, répond-elle, l’instant où le beau souvenir revient à la mémoire et l’emplit de douceur. Vos traits et votre voix signifiaient votre chagrin, il s’agissait donc de nostalgie triste, qui n’est pas une notion japonaise. A la question de savoir si la madeleine de Proust est nostalgique ou « Natsukashii », elle penche pour la deuxième option. Proust est un auteur nippon Une rentrée littéraire sans Amélie Nothomb, cela fait 21 ans que nous n’avons pas connu cela. Alors, il était certain qu’il fallait compter sur l’excentrique romancière belge pour être de la partie. Après un Barbe bleue revisité l’année dernière, elle nous offre un opus…