Littérature étrangère
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Les Femelles, de Joyce Carol Oates.
« Dieu a intérêt à croire en moi, disait-il. Je suis un homme. Il voulait dire qu’un homme est plus important que Dieu parce que c’est lui qui a inventé Dieu, et pas l’inverse. » Mais qui sont ces femelles ? Des femmes, âgées ou en devenir, anti-héroïnes à la dangerosité dissimulée, cachée, tapie dans l’ombre … Des femmes dangereuses car capables de tuer. Quand Oates quitte le roman pour la nouvelle, cela donne neuf pépites au charme glauque et fascinant. Sa verve et son style sont toujours au service d’un imaginaire affûté comme la lame d’un couteau. En quelques lignes, Oates vous balade d’un univers à l’autre, dans neuf…
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Une Seconde vie, de Dermot Bolger
J’avais grandi dans un monde où la respectabilité était l’objet d’un culte général. Ivrognerie, violence domestique, n’importe quel péché était accepté, à condition de rester caché. Les couvents et les asiles étaient des lieux indispensables où ce qui pouvait salir la respectabilité était dissimulé ; des lieux dont on faisait semblant de penser qu’ils n’existaient pas, et non où on pouvait entrer et affronter les choses. Quand j’étais enfant, la grande peur de ma mère adoptive n’était pas la misère, mais la perte de respectabilité. Dublin, de nos jours. Sean Blake, photographe à la quarantaine fringante, époux et père de deux jeunes enfants, est victime d’un accident de la route.…
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La Maison des célibataires, de Jorn Riel
On racontait qu’elle avait tué son mari, qu’elle l’avait tabassé à mort parce qu’il avait essayé de faire une fugue juqu’à Julianehab. Mais personne ne savait au juste ce qui s’était passé, vu que quand le curé était arrivé, le bonhomme était déjà mort et enterré depuis six bons mois. Bienvenue au Groënland ! Avec ce racontar ! Comprenez une petite histoire drôle et forcément rafraîchissante par son issue et sa morale ! Au coeur des fjørds, Kernatoq – dit “Le noir” car il travaille sur un bateau à charbon et ne se lave jamais – partage avec quelques-uns de ses amis, plus nonchalants, une vieille batisse abandonnée. Par un…
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Le Sillage de l’Oubli, de Bruce Machart.
Comme aurait dit Vaclav Skala, elle était le portrait craché de son père dans les grandes lignes, mais pas pour les finitions. 1895, 1910, 1924, 1898, quatre années, autant de miroirs dans l’histoire de la famille Skala, propriétaires terriens texans. 1895, chez les Skala, une famille d’immigrés tchèques, la vie est dure depuis longtemps, et plus particulièrement depuis le décès en couches de Klara, donnant naissance à son quatrième fils, Karel. Totalement démuni, Vaclav, le père, doit trouver une nourrice pour son fils, et s’occuper du corps de sa femme. Désormais la vie à l’exploitation sera plus rude pour ses fils, qui travailleront dès lors comme des bêtes de somme…
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Héritage, de Nicholas Shakespeare.
Tu n’as pas seulement hérité de la fortune de Madigan, idiot. Tu as aussi hérité de son histoire. Tan que refusera de reconnaître ce qui va avec le fric, tu resteras un pauvre con. Pourquoi ? Parce qu’on n’a rien sans rien. Andy Larkham veut rendre hommage à son professeur Furniwall en se rendant à ses funérailles. Cet homme est le seul qui l’ai influencé dans sa jeunesse, et après n’avoir pu publier un manuscrit qu’il lui remit peu de temps avant son décès, Andy culpabilise quelque peu … Par un pluvieux hasard, il se trompe de chapelle, et assiste aux funérailles de Christopher Madigan. Lorsqu’il le comprend, il est…
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Désaccords imparfaits, de Jonathan Coe.
Ce recueil représente toute ma production de nouvelles au cours des quinze dernières années, ce qui relève un peu de la plaisanterie. (…) Car il ne m’est pas facile de faire court, justement. Ce qui m’attire, dans la fiction, c’est plutôt la complexité, le panorama, et chez moi, il est plus fréquent que des idées nées sous forme de nouvelles (…) prennent l’épaisseur d’un roman.” Jonathan Coe Quatre textes de Coe, rassemblés dans un recueil inédit, après une publication échelonnée entre 1995 et 2005. Une commande spéciale de Gallimard, qui permet de redécouvrir ces textes, trois nouvelles et un article publié dans les Cahiers du Cinéma, montrant à quel point…
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Les Voleurs de Manhattan, d’Adam Langer
– Ca a toujours été purement commercial. Vendre des livres. Vous croyiez qu’il s’agissait d’une oeuvre caritative? Je le dévisageai, incapable de parler. C’était donc là qu’il voulait en venir: un conseil cynique proféré par un homme amer persuadé de pouvoir plaquer son expérience minable sur la vie d’un parfait inconnu. Qui était-il, pour me juger ainsi? Lui, avec ses gatsby à mille dollars, son gogol en cachemire et ses franzens griffées? Au Morningside Coffe, Ian bosse avce Faye Curry, jeune artiste peintre, aux jeans maculés de tâches colorés, gros godillots et tee-shirts de concert, et avec Joseph, acteur obèse courant de casting en casting sans succès. La vie coule…
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Le Journal sacret d’Amy Wingate, de Willa Marsh
L’emploi du mot « petite » est une autre de ses façons –sans doute inconsciente- de maintenir sa supériorité. Une « petite dame » lui confectionne des vêtements sur mesure et un « petit monsieur » vient entretenir son jardin. La « petite femme » du magasin du village « l’adore »….. .Le monde de Francesca est peuplé de nains. Amy Wingate, professeur de littérature à la retraite, bien sous tous rapports, décide d’écrire pour elle-même un journal, de décortiquer ainsi sa vie et ses idées. Très vite celui-ci revêt un piment particulier, le regard d’Amy pouvant être plein de tendresse ou acéré et piquant comme l’acide. Autour d’elle virevoltent…
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Sors de ce corps, William ! de David Safier.
J’étais Shakespeare? Le Shakespeare ? Et surtout: je serais Shakespeare tant que je resterais dans ce pétrin?Enfin ! C’était toujours mieux que Kafka… Avant la rentrée littéraire et son cortège impressionnant de publications, aux sujets souvent sérieux et denses, zoom sur un coup de coeur estival, avec ce roman de l’allemand David Safier. Rosa est une jeune femme pleine d’esprit et pétillante, dotée d’une vraie personnalité … à ceci près que cette drôle d’institutrice n’aimant guère son métier reste une femme comme beaucoup d’autres à Düsseldorf. Elle pleure toujours Jan, un homme “parfait” filiforme et bien né, dentiste de surcroît, qui doit convoler en juste noces avec Olivia, une créature…
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Profanes, de Jeanne Benameur
Tout ce que j’ai accompli, je l’ai accompli ici et maintenant. Pas d’ailleurs. Pas d’au-delà. Et ce que je n’ai pas accompli, les risques que je n’ai pas su prendre m’ont simplement maintenu ici et maintenant. Je n’ai jamais cru que quelque chose d’autre, un dieu, une croyance, pouvait m’aider, tenir ma main, ma tête, toutes mes facultés, pour les porter plus haut. Dépasser le fait d’être un homme, juste un homme de chair, de sang et de pensée. Aujourd’hui je me donne droit au doute. Un profane aussi a le droit de douter. Le doute n’est pas réservé aux croyants. J’ai besoin d’autres êtres humains, comme moi, doutant, s’égarant,…