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Les Voleurs de Manhattan, d’Adam Langer
– Ca a toujours été purement commercial. Vendre des livres. Vous croyiez qu’il s’agissait d’une oeuvre caritative? Je le dévisageai, incapable de parler. C’était donc là qu’il voulait en venir: un conseil cynique proféré par un homme amer persuadé de pouvoir plaquer son expérience minable sur la vie d’un parfait inconnu. Qui était-il, pour me juger ainsi? Lui, avec ses gatsby à mille dollars, son gogol en cachemire et ses franzens griffées? Au Morningside Coffe, Ian bosse avce Faye Curry, jeune artiste peintre, aux jeans maculés de tâches colorés, gros godillots et tee-shirts de concert, et avec Joseph, acteur obèse courant de casting en casting sans succès. La vie coule…
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Le Journal sacret d’Amy Wingate, de Willa Marsh
L’emploi du mot « petite » est une autre de ses façons –sans doute inconsciente- de maintenir sa supériorité. Une « petite dame » lui confectionne des vêtements sur mesure et un « petit monsieur » vient entretenir son jardin. La « petite femme » du magasin du village « l’adore »….. .Le monde de Francesca est peuplé de nains. Amy Wingate, professeur de littérature à la retraite, bien sous tous rapports, décide d’écrire pour elle-même un journal, de décortiquer ainsi sa vie et ses idées. Très vite celui-ci revêt un piment particulier, le regard d’Amy pouvant être plein de tendresse ou acéré et piquant comme l’acide. Autour d’elle virevoltent…
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Sors de ce corps, William ! de David Safier.
J’étais Shakespeare? Le Shakespeare ? Et surtout: je serais Shakespeare tant que je resterais dans ce pétrin?Enfin ! C’était toujours mieux que Kafka… Avant la rentrée littéraire et son cortège impressionnant de publications, aux sujets souvent sérieux et denses, zoom sur un coup de coeur estival, avec ce roman de l’allemand David Safier. Rosa est une jeune femme pleine d’esprit et pétillante, dotée d’une vraie personnalité … à ceci près que cette drôle d’institutrice n’aimant guère son métier reste une femme comme beaucoup d’autres à Düsseldorf. Elle pleure toujours Jan, un homme “parfait” filiforme et bien né, dentiste de surcroît, qui doit convoler en juste noces avec Olivia, une créature…
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Cassio
Il n’y a pas de justice. Pas d’honneur. Rien que des gens qui vivent et des gens qui meurent. Si cela n’est pas déjà fait, je vous invite à découvrir Cassio, une bande dessinée en plusieurs cycles, qui est toujours en cours d’agrandissement. Mêlant aventure et récit historique, il s’agit d’une enquête palpitante et mystèrieuse naviguant entre le XXIe et le IIe. Ornella Grazzi, archéologue, découvre une ancienne villégiature de Lucilius Aurelius Cassio, homme puissant et influent de Rome, dont le meurtre demeure irrésolu. Assassiné à coups de couteaux par quatre conjurateurs, il semblerait que celui-ci ait pourtant survécu à cette agression, dissimulant dans l’une de ses demeures – celle…
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Profanes, de Jeanne Benameur
Tout ce que j’ai accompli, je l’ai accompli ici et maintenant. Pas d’ailleurs. Pas d’au-delà. Et ce que je n’ai pas accompli, les risques que je n’ai pas su prendre m’ont simplement maintenu ici et maintenant. Je n’ai jamais cru que quelque chose d’autre, un dieu, une croyance, pouvait m’aider, tenir ma main, ma tête, toutes mes facultés, pour les porter plus haut. Dépasser le fait d’être un homme, juste un homme de chair, de sang et de pensée. Aujourd’hui je me donne droit au doute. Un profane aussi a le droit de douter. Le doute n’est pas réservé aux croyants. J’ai besoin d’autres êtres humains, comme moi, doutant, s’égarant,…
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Confessions d’un gang de filles vs Foxfire
Ce qui vous lie au plus profond, vous ne pouvez le ressentir. Sauf si on vous l’enlève. Avant d’être un film de Laurent Cantet (Foxfire), Confessions d’un gang de fillesest un portait au vitriol de l’Amérique des années 50 de la prodigieuse Joyce Carol Oates. Plaidoyer pour ces jeunes femmes cherchant plus de justice et de liberté, pamphlet contre ces mêmes confréries, dont l’univers se déconnecte inexorablement de la société, qui à vouloir la faire changer et la convaincre de sa bonne cause, ne peut que l’horrifier et en être rejetée. Car ce que vous trouverez dans ce livre, pêle-mêle (mais dans un désordre bien orchestré, ainsi que le sont les…
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Le Livre qui fait aimer les livres … même à ceux qui n’aiment pas lire
Lire fait grandir (beaucoup plus vite que la soupe). Il est prouvé que si tu as 100 ans et que tu lis toujours, tu grandis encore ! sans jamais t’arrêter ! Avec un tel titre, pas étonnant que mon regard fut accroché ! Deux bouilles de fille et de garçon prêts à dévorer des livres, tiennent dans leurs mains d’énormes couverts fins prêts à venir à bout du drôlissime exemplaire. La revendication est claire, sans aucun doute : “Pour les zenfants et les zadultes”. Je devrais rajouter qu’il n’est pas nécessaire de suivre des doses homéopathiques. Absolument pas ! Car “Françoize” Boucher croque avec humour ce qu’elle nomme “une tonne…
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Meurtres au manoir, de Willa Marsh
La nouvelle tisane qu’elles l’ont convaincue de boire juste avant d’aller au lit fait des merveilles. Comme beaucoup de gens, Clarissa croit que n’importe quel produit à base de plantes et de fleurs ne peut qu’être inoffensif. Avec son humour noir qui fait mouche, Willa Marsh compte parmi ces auteurs britanniques à la plume acérée dont la lecture est un délice. Avec Meurtres au manoir, Willa Marsh récidive dans cette veine que ses lecteurs aiment tant. Causticité, intrigue piquante et à suspens, personnages décalés mais miroirs de certaines parts de nous-mêmes, tous ces ingrédients sont au rendez-vous pour un cocktail plein de saveurs placé cette fois-ci sous le signe de l’étrange.…
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Compagnie K, de William March
– Quand j’ai levé les yeux ce matin-là et que je t’ai vu sur le sentier, ma première idée, ça a été de venir vers toi pour te donner un bout de pain. Je voulais te poser des questions sur l’Amérique. Il y avait des tas de choses dont on aurait pu parler. Tu aurais pu me parler de chez toi, et moi de chez moi. On aurait pu aller chercher des nids d’oiseaux dans les bois, on aurait ri et discuté ensemble. Et puis une fois qu’on se serait mieux connus, je t’aurais montré une photo de ma fiancée et je t’aurais lu des passages de ses lettres. Il…
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Les Règles du jeu, d’Amour Towles
Il n’y a rien de bien original à comparer une personne à un caméléon, par quoi on entend quelqu’un qui peut changer de couleur selon son environnement. En fait, rares, sont ceux qui en sont capables. En revanche, il existe des dizaines de milliers de papillons – d’hommes et de femmes comme Eve dotés de deux livrées complètement différentes – l’une pour attirer, l’autre pour se camoufler – et susceptibles de se changer en une seconde, d’un simple battement d’ailes. 31 décembre 1937, au coeur du Greenwich village, Katey et Eve, deux tourbillonnantes colocataires, décident de sortir et de s’encanailler en cette vieille de Saint-Sylvestre. Peut-être de charmants garçons leur…