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Lettre à D. Histoire d’un amour, d’ André Gorz.
Tu vas avoir quatre-vingt deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait 58 ans que nous vivons ensemble et je t’aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien Bouleversante déclaration d’amour à sa femme Dorine, cette lettre-hommage d’André Gortz est une pure merveille de délicatesse et de sincérité, une émotion brute. Dans ce dernier texte rédigé par le co-fondateur du Nouvel Obs, intitulé également, “Histoire d’un amour”, André Gorz, revient sur sa rencontre avec sa…
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Veuf, de Jean-Louis Fournier.
Cette année, très peu m’ont souhaité bonne année ou bon Noël. C’est étrange, les gens n’osent pas parler de bonheur à celui qui vient d’avoir un grand malheur. Je ne comprends pas. C’est justement quand on a eu un grand malheur qu’on a besoin de vœux de bonheur, ceux qui sont déjà heureux n’en ont pas besoin. Quand vous êtes malheureux, on dirait que la société souhaite que vous le restiez. Définitivement. Après le bouleversant Où on va papa, Jean-Louis Fournier, ancien compère de Pierre Desproges, nous livre un nouveau livre très personnel, dans lequel il évoque avec émotion, son récent veuvage, mais surtout l’amour bâti avec sa compagne, Sylvie,…
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Avenue des géants de Marc Dugain.
La nature ne connaît ni le silence ni le bruit. Ce n’est pas comme en ville, ce qu’on entend va toujours dans votre sens, celui de votre apaisement, pour peu que vous ayez confiance dans la vie sauvage. Géant est un qualificatif incontournable. 2,20m, 120 kg, Al Kenner a un physique gargantuesque. Et ses capacités intellectuelles sont tout aussi gigantesques. Il possède une hypermnèsie et son QI dépasserait celui d’Einstein. Pas évident de bien vivre avec cela surtout quand on a quinze ans. Mais le mal-être profond d’Al ne s’expliquerait-il pas plutôt par la hargne de sa mère à son égard, contre ce fils qui est une “fausse couche” réussie…
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Compagnie K, de William March
– Quand j’ai levé les yeux ce matin-là et que je t’ai vu sur le sentier, ma première idée, ça a été de venir vers toi pour te donner un bout de pain. Je voulais te poser des questions sur l’Amérique. Il y avait des tas de choses dont on aurait pu parler. Tu aurais pu me parler de chez toi, et moi de chez moi. On aurait pu aller chercher des nids d’oiseaux dans les bois, on aurait ri et discuté ensemble. Et puis une fois qu’on se serait mieux connus, je t’aurais montré une photo de ma fiancée et je t’aurais lu des passages de ses lettres. Il…
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Kinderzimmer, de Valentine Goby
ce que dit, surtout, la joie encore possible devant l’éclat du soleil dans les congères, sur les pourtours de la Lagerplatz, à l’Appell du matin, un éclair de cristal qui ne t’indiffére pas tout à fait, ce que ça dit, que tu le voies, que ça mouille tes paupières, qu’une seconde ça conjure le reste, une demi-seconde, que tu aies accès à la beauté, ce que ça dit, tout cela, c’est que même à Ravensbrück, l’Allemagne n’a pas gagné, n’aura jamais gagné complètement Ce roman est lumineux. Obsédant aussi. Sans sombrer dans le pathos ou le glauque, Valentine Goby nous emporte à Ravensbrück avec Mila, une jeune déportée politique, dans…